New Brunswick first-past-the-post gives on party all the power

Les changements apportés à la politique du Nouveau-Brunswick sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ont été largement condamnés par la population. Ils sont un exemple du danger de la concentration du pouvoir au niveau du Premier ministre par le biais du scrutin uninominal majoritaire.

Les démissions de ministres au Nouveau-Brunswick mettent en lumière la concentration excessive du pouvoir au niveau du Premier ministre, résultant du scrutin uninominal majoritaire du Nouveau-Brunswick, où la majorité simple détermine d’un gagnant unique.

Les modifications unilatérales de la politique 713 sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ont suscité la condamnation de la part de Fierté Canada, des réactions négatives de la part de l’opposition libérale et du Parti vert, et la mise en place rapide de contre-mesures par les districts scolaires. Elles représentent le dernier exemple en date d’une prise de décision à partir du sommet de la hiérarchie.

En 2020, le Parti progressiste-conservateur de Blaine Higgs a remporté un impressionnant 55 % des sièges avec seulement 39 % du vote populaire.

L’opinion personnelle du chef de parti dicte souvent la politique à suivre dans un système où la « majorité » est établie selon un scrutin uninominal majoritaire: les ministres doivent s’aligner ou démissionner. Les partis extérieurs au gouvernement n’ont que peu ou pas de pouvoir pour influencer la législation, bien qu’ils représentent une majorité des électeurs.

Au niveau fédéral, le célèbre politologue canadien Donald Savoie, originaire du Nouveau-Brunswick, a mis en garde contre la concentration des pouvoirs au sein du cabinet du Premier ministre, qui s’est amplifiée au fil des décennies.

Le problème n’a fait qu’empirer alors qu’une succession de Premiers ministres a contribué à concentrer davantage leur pouvoir. En 2020, le verdict de M. Savoie sur le système était encore plus sévère :

«Le Cabinet a désormais rejoint le Parlement en tant qu’institution reléguée à légitimiser des décisions prises ailleurs, ou dans le bureau du Premier ministre et [par] une poignée de courtisans.»

Le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick, David Coon, qui avait fait l’éloge du modèle de prise de décision plus collaboratif du gouvernement minoritaire précédent, n’a pas mâché ses mots au sujet de l’approche de ce gouvernement « majoritaire » en matière de prise de décision sur des questions essentielles, notamment les soins de santé et l’éducation :

«Le Premier ministre Higgs essaie de diriger la province comme s’il s’agissait d’une entreprise dont il serait le PDG. Nous sommes dans une démocratie, alors s’il veut être un PDG, il devrait retourner dans le secteur privé.»

Ce qui est si rare dans ce dernier exemple du Nouveau-Brunswick, c’est que ce sont les propres ministres du Premier ministre Higgs qui tirent la sonnette d’alarme et qui donnent aux électeurs un aperçu rare de la façon dont les choses fonctionnent réellement dans les coulisses :

«Sous la direction du Premier ministre Higgs, le caucus a été davantage axé sur ce que le Premier ministre désire que sur l’obtention de consensus.»

– Trevor Holder, député provincial et ancien Ministre de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail.

«Vous (Blaine Higgs) évitez et contournez les procédures parce que vous pensez que c’est une perte de temps.»

– Dorothy Shephard, députée provinciale et ancienne Ministre des Communautés saines et inclusives

La politique 713, largement soutenue par tous les partis en 2020, est devenue la dernière victime de cette concentration de pouvoir. Les changements semblent avoir pour but de susciter le soutien d’un segment de la base du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick qui pourrait aider le parti à obtenir une autre majorité de 39 %.

La représentation proportionnelle est la solution pour la démocratie au Nouveau-Brunswick

Avec la représentation proportionnelle, les partis recevraient des sièges en proportion du vote populaire. Ce système implique normalement que les partis doivent bâtir un consensus pour faire adopter des lois, et ce en faisant des compromis, tout en s’assurant que les politiques aient le soutien d’une véritable majorité des électeurs et électrices qui les ont mis au pouvoir. 

Dans un cabinet multipartite à représentation proportionnelle, la prise de décision serait une responsabilité partagée, et non concentrée au niveau du chef d’un parti.

En 2004, la Commission sur la démocratie législative du Nouveau-Brunswick, mise en place par le Premier ministre progressiste-conservateur Bernard Lord, a recommandé la représentation proportionnelle pour le Nouveau-Brunswick.

En avril 2022, le Parti vert du Nouveau-Brunswick a présenté une motion demandant à l’Assemblée législative d’exhorter le gouvernement du Nouveau-Brunswick à demander à la Commission de délimitation des circonscriptions électorales de proposer des options de représentation proportionnelle dans le cadre de son examen des limites des circonscriptions électorales, et ce avant les prochaines élections de 2024.

Cette motion a été rejetée de façon retentissante par les députés du Parti progressiste-conservateur et du Parti libéral.

New Brunswick Liberal leader Susan Holt supports a Citizens' Assembly on Electoral Reform


La Cheffe libérale Susan Holt demandera-t-elle la mise en place d’une Assemblée citoyenne sur la réforme électorale au Nouveau-Brunswick ?

En août 2022, Susan Holt a été élue cheffe du Parti libéral du Nouveau-Brunswick. Pendant la course à la direction, Mme Holt a ouvertement appuyé un système électoral plus équitable et une Assemblée citoyenne du Nouveau-Brunswick sur la réforme électorale.

Immédiatement après avoir été élue cheffe, Mme Holt a déclaré à la radio de la CBC :

«La réforme électorale est une idée très intéressante pour moi parce que nous avons constaté une baisse de la participation électorale. Les gens en ont assez de la politique à laquelle nous sommes habitués, et j’ai entendu de nombreuses personnes dire que leur vote n’avait pas d’importance… 

 

Les gens ont l’impression que lorsqu’ils votent, ils n’élisent pas des personnes qui les représentent, qui leur ressemblent ou qui comprennent leurs besoins locaux, parce que 30 % des voix peuvent conduire à un résultat majoritaire. 

 

« Nous avons vu dans d’autres parties du monde que des systèmes électoraux différents ont produit des gouvernements forts, diversifiés et représentatifs. J’aimerais beaucoup parler des différentes formes de systèmes électoraux à des libéraux, à des nouveaux libéraux, à des gens qui sont intéressés par la réforme électorale.

 

Il serait formidable de mettre sur pied une Assemblée citoyenne qui s’engagerait auprès des Néo-Brunswickois et nous aiderait à déterminer la meilleure voie à suivre, afin que les gens commencent à croire que leur vote compte.»

La section néo-brunswickoise du Mouvement pour la représentation équitable au Canada exhorte le Parti libéral du Nouveau-Brunswick – et tous les autres partis – à réclamer la mise en place d’une Assemblée citoyenne sur la réforme électorale au Nouveau-Brunswick et à inclure un tel engagement dans leur prochain programme électoral.

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