La représentation proportionnelle et le changement climatique

Si on cherche sérieusement à s’attaquer au changement climatique, cela va exiger la coopération entre les partis poliqiques et une perspective axée sur le long terme.

Les modes de scrutin uninominaux comme le nôtre, sont fréquemment accompagnés de renversements des politiques lorsqu’un nouveau gouvernement faussement majoritaire en remplace un autre. On se retrouve en train de faire du va-et-vient sur place au lieu d’avancer.

Les renversements des lois en vigueur que cela représente, le démantellement de la réglementation et l’annulation des programmes en cours sont un gasillage de ressources. Or les experts scientifiques nous disent qu’on ne nous reste plus que 11 ans pour réduire dramatiquement nos émisions d’effet de serre. On a tout simplement plus de temps pour ce genre de renversements.

Avec un mode de scrutin proportionnel, les partis sont appelés à travailler de concert pour développer des politiques appuyés d’une vraie majorité des électeurs, et les lobbyists, obligés de faire affaire à plus d’un parti dans le cadre d’une coalition, n’auraient pas le même poids. Les politiques qui en résulteraient auraient une plus grande chance d’être durables et de survivre les changements de gouvernement.

Les preuves

Les pays dont les systèmes électoraux sont proportionnels ont tendance à agir plus vite et de façon plus poussée plus pour protéger l’environnement.

Les pays à mode de scrutin proportionnel ont: 

  • réagi plus vite en réponse aux défis environnementaux; 
  • atteint des scores supérieurs sur l’Indice de la performance environnementale; 
  • freiné la croissance leurs émissions de CO2 de façon accélérée;
  • fait deux fois plus usage des énergies renouvelables. 

Détails:

La recherche démontre que la représentation proportionnelle est accompagnée de résultats plus probants en matière de gestion de l’environnement, dû à la plus grande diversité des points de vue qui sont représentés, la prise de décision plus coopérative et une vision à plus long terme des enjeux.

Fredriksson et Millimet (2004) observent que les pays dotés de modes de scrutin proportionnels ont des politiques plus strictes par rapport à l’environnement.

Cohen (2010) constate qu’ils avaient aussi plus rapidement ratifié le protocole de Kyoto et que leur part des émissions de carbone mondiales avait diminué.

Quant à la performance relative à la gestion de l’environnement, Lijphart (2012) constate que les pays à mode de scrutin proportionnel marquaient six points de plus sur l’Indice de la Performance environnementale de Yale qui évalue la performance environnementale d’un pays dans dix domaines tels que la santé environnementale, la qualité de l’air, la gestion des ressources, la biodiversité, la protection de l’habitat, la sylviculture, la pêche, l’agriculture, et le changement climatique.
En utilisant les données de l’Agence internationale de l’énergie de l’OCDE, Orellana (2014) montre qu’entre 1990 et 2007, alors que les émissions de carbone étaient en hausse partout dans le monde, l’augmentation statistiquement anticipée de ces émissions était significativement plus faible, seulement 9,5 %, dans les pays dotés de systèmes entièrement proportionnels, contre 45,5 % dans les pays dotés de systèmes majoritaires uninominaux.

Il constate que les citoyens des pays dotés de modes de scrutin proportionnels sont plus favorables à l’action environnementale et plus disposés à défrayer les coûts associés à la protection de l’environnement. Il montre que l’utilisation des énergies renouvelables était environ 117 % plus élevée dans les pays dotés de systèmes électoraux entièrement proportionnels.

Cliquez ici pour accéder à l’Aperçu des preuves de Représentation équitable au Canada couvrant un éventail de sujets.

Références

Cohen, Darcie (2010). Do Political Preconditions Affect Environmental Outcomes? Exploring the Linkages Between Proportional Representation, Green parties and the Kyoto Protocol. Simon Fraser University.

Fredriksson, P. G. et Millimet, D. L. (2004). “Electoral rules and environmental policy.” Economics Letters, 84(2): 237–44.

Lijphart, Arend (2012). Patterns of Democracy. Government Forms and Performance in 36 Countries. New Haven, CT: Yale Press (Cliquez ici pour accéder au résumé produit par Représentation équitable au Canada).

Orellana, Salomon (2014). Electoral Systems and Governance: How Diversity Can Improve Policy Making.New York: Routledge Press (Cliquez ici pour accéder au résumé produit par Représentation équitable au Canada).

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