La proportionnelle et les inégalités de revenus

La proportionnelle accorde plus de pouvoir aux citoyens ordinaires. On pourrait ainsi s’attendre à des répercussions sur les taux d’inégalité des revenus ou les choix de politiques sociales. Ces attentes sont confirmées par la recherche.

Les inégalités de revenus

Lijphart, dans son oeuvre de référence (2012), a étudié 36 démocraties sur une période de 55 années. Il montre que les pays munis de modes de scrutin proportionnels avaient un niveau d’inégalité des revenus nettement réduit. Il observe en outre que les pays utilisant la proportionnelle investissent une moyenne de 4,75 % de plus en dépenses sociales que les démocraties à systèmes majoritaires.

Birchfield et Crepaz (1998 : 192) observent pour leur part que « les institutions politiques consensuelles ont tendance à réduire les inégalités des revenus, tandis que les institutions majoritaires ont l’effet contraire ». Les résultats de l’analyse économétrique qu’ils présentent sont fort significatifs, la représentation proportionnelle expliquant 51 % de la variance dans les taux d’inégalité des revenus d’un pays à l’autre. Birchfield et Crepaz attribuent ce résultat au niveau de pouvoir politique accru des citoyens dans les pays où la proportionnelle est utilisée.

Selon eux (1998 : 191),

Plus l’accès aux institutions politiques est ouvert, plus le système politique est représentatif, et plus les citoyens participeront au processus politique pour défendre leurs intérêts, ce qui se manifestera, entre autres, par un niveau d’inégalité des revenus inférieur. Des institutions politiques consensuelles de ce genre rendent le gouvernement plus sensible aux demandes d’un éventail plus large de citoyens.

Vincenzo Verardi, dans son étude de 28 démocraties (2005), a lui aussi constaté que les inégalités diminuent quand le degré de proportionnalité d’un système augmente.

Iversen et Soskice (2006) ont trouvé une relation entre la proportionnelle et de plus grands efforts pour promouvoir la redistribution des revenus.

Le développement human

Afin d’analyser les effets de la représentation proportionnelle sur la qualité de vie de la société en général, Carey et Hix (2009 et 2011) se sont penchés sur 610 élections sur une période de plus de 60 ans dans 81 pays. Ils ont constaté que les pays utilisant la proportionnelle obtiennent des scores plus élevés en ce qui a trait à l’Indicateur de développement humain des Nations Unies.

Cet indicateur touche à la santé, à l’éducation et au niveau de vie et constitue ainsi un bon indicateur général de la performance des gouvernements en ce qui a trait à la livraison des services publics et au bien-être social.

Cliquez ici pour l’Aperçu des preuves de Représentation équitable au Canada couvrant un éventail de sujets.

Références

Birchfield, Vicki et Crepaz, Markus (1998). “The Impact of Constitutional Structures and Collective and Competitive Veto Points on Income Inequality in Industrialized Democracies.” European Journal of Political Research 34: 175-200.

Carey, John M. et Hix, Simon (2009). “The Electoral Sweet Spot: Low-magnitude Proportional Electoral Systems.” PSPE Working Paper 01-2009. Department of Government, London School of Economics and Political Science, Londres, Royaume-Uni.

Iversen, T., & Soskice, D. (2006). “Electoral Systems and the Politics of Coalitions: Why Some Democracies Redistribute More Than Others. American Political Science Review 100-2: 165–81.

Lijphart, Arend (2012). Patterns of Democracy. Government Forms and Performance in 36 Countries. New Haven, CT: Yale Press (Click here for Fair Vote Canada’s summary of Lijphart’s book).

Représentation équitable au Canada (2018). “« Pourquoi la représentation proportionnelle?
Un aperçu des preuves
 ».

Verardi, Vincenzo (January 2005). ”Electoral Systems and Income Inequality.” Economics Letters, 86-1.

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