La nouvelle Chambre des communes du Canada donne une apparence beaucoup plus divisée qu’elle ne l’est réellement. Aucun parti ne devrait être satisfait.

Remarquablement, notre mode de scrutin déséquilibré a accordé aux libéraux 34 sièges de plus que les conservateurs, alors que les conservateurs ont obtenu 1,5 pourcent de plus que les libéraux au vote populaire.

Dans les quatre provinces de l’ouest, les conservateurs ont obtenu 53 pourcent des voix, mais ont élu 68 pourcent des députés. Avec 21 pourcent des voix, les libéraux n’ont élu que 14 pourcent des députés.

En Alberta, les électeurs auraient élu cinq députés libéraux si les préférences des électeurs avaient été respectées. Au lieu, leurs votes n’ont compté pour rien du tout. Au Saskatchewan, le député Ralph Goodale a été défait alors que les électeurs ayant voté libéral auraient mérité d’élire deux députés dans cette province.

Au Québec, le Bloc Québécois a recueilli 33 pourcent des voix, mais notre mode de scrutin leur a acccordé 41 pourcent des sièges. Le parti libéral a obtenu 45 pourcent des sièges avec 34 pourcent des voix. Le choix des Québécois était plus diversifié que nous en feraient croire les résultats. Avec 16 pourcent des vois, les conservateurs n’ont élu que 13 pourcent des députés; avec 11 pourcent des voix, le NPD n’a élu qu’un seul député; le Parti vert, avec 4 pourcent des voix, n’a élu personne.

« Je ne vois pas pourquoi nous devrions garder un mode de scrutin qui fait apparaître nos grands partis comme étant moins nationaux qu’ils le sont, nos régions plus opposées politiquement qu’elles le sont », écrivait Stéphane Dion en 2012. « Je ne veux plus d’un mode de scrutin qui donne l’impression que certains partis font une croix sur le Québec, ou sur l’Ouest. Au contraire, il faut que du Parti vert au Parti conservateur, tous s’imprègnent de toutes les régions du Canada, y convoitent et puissent y obtenir des sièges en proportion de leurs appuis. « 

“M. Dion avait raison' », dit Réal Lavernge, Président de Représentation équitable au Canada. Les distortions de la volonté citoyenne occasionnées par notre mode de scrutin unionominal ne sont pas acceptables dans une démocratie digne de ce nom.“

Pour l’ensemble du pays, des élections selon un mode de scrutin proportionnel auraient élu 116 députés libéraux, 117 conservateurs, 57 du NDP, 22 du Parti vert et 26 bloquistes, au lieu de 157, 121, 24, 3 et 32, respectivements.

Les libéraux n’ont pas de mandat pour gouverner seul avec seulement 33 pourcent des voix. Dans le cadre d’un mode de scrutin proportionnel, on aurait pu envisager au lieu une coalition libéral-NPD représetant une majorité des voix et des représentants de toutes les provinces. Le cabinet du Premier ministre aurait à répondre aux deux partis politiques plutôt qu’à un seul, et à des représentants des 10 provinces.

Notre mode de scrutin a triché plus de la moitié des électrices et électeurs du NDP en leur niant la représentation qu’ils méritent. Ces derniers ont voté à 16 pour cent pour le NDP mais n’ont élus que 7 pourcent des députés. La situation est encore pire pour le 6 pourcent des électrices et électeurs qui ont opté pour le Parti vert, mais qui n’ont élu que 3 députés au lieu des 22 députés qu’ils auraient mérités.

La diversité des préférences électorales dans les provinces atlantiques dépasse ce que ne semblent indiquer les résultats électoraux. En fait, les électeurs optant pour le Parti conservateur auraient dû élire neuf députés au lieu de quatre, et les 32 députés élus dans ces quatre provinces aurait dû comporter cinq néo-démocrates au lieu d’un seul et quatre députés du Parti vert au lieu d’un seul.

En Ontario, on aurait dû élire 24 néo-démocrates au lieu de 13 et 11 députés du parti vert au lieu d’aucun.

Le système électoral fédéral actuel fausse constamment les résultats en faveur des grands partis et exacerbe les différences entre les différentes régions du Canada.

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