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Lundi le 26 mars 2018

Les révélations du mois de mars concernant le ciblage psychographique de Cambridge Analytica visant à influencer les résultats électoraux dans différents pays devrait grandement préoccuper les Canadiennes et Canadiennes, en raison de la façon dont notre système électoral amplifie les moindres oscillations des préférences citoyennes. Ceci nous rend particulièrement vulnérables aux types de manipulations ciblées du système électoral américain qui ont porté Donald Trump au pouvoir.

Au Canada, quelques milliers de votes dans une poignée de circonscriptions peuvent déterminer quel parti en lice prendra la majorité des sièges et formera ainsi le gouvernement. De très faibles variations de résultats dans les circonscriptions dites « girouettes » peuvent faire et défaire les gouvernements.

En voici quelques exemples frappants:

  • En 2011, le gouvernement de Stephen Harper a gagné sa majorité par
    un total de 6,201 votes dans 14 circonscriptions girouettes chaudement
    Disputées;
  • En 2014, le Parti Libéral de l’Ontario est passé d’un statut de
    gouvernement minoritaire à une forte majorité après avoir augmenté son
    pourcentage de votes de 37,7 % à 38,7 %.
  • En 2017, le NPD de Colombie-Britannique est passé du statut d’opposition avec 39,7 % des voix à celui de gouvernement avec 40,3 %. Si le NPD avait perdu la
    circonscription de Courtenay-Comox, gagnée avec seulement 189 votes, le
    Parti Libéral aurait alors formé un gouvernement majoritaire!

Ce genre de situation est monnaie courante avec notre système uninominal à un tour.  Le Royaume-Uni fait face au même problème, tout comme les États-Unis.

Le système proportionnel génère par contre des résultats complètement différents, car 1 % d’augmentation des votes pour un parti ne lui offre que 1 % de plus au partage des sièges, et il
faut des centaines de milliers, voire des millions de votes pour influencer de manière significative le résultat d’une élection.

La sensibilité de notre système uninominal à un tour à des changements mineurs dans les préférences des électeurs mène au genre de comportement hyper-partisan auquel nous assistons au Canada et tend à accroître le recours à la tricherie et à la politique de division. Même si nous nous y attendions, la technologie des médias sociaux augmente ce risque de manière encore jamais vue.

La table est ainsi mise pour une tempête parfaite lorsque la dévorante passion de gagner des politiciens est soutenue par des sociétés comme Cambridge Analytica, capables de manipuler des segments clés ou plus vulnérables de l’électorat avec des tactiques de désinformation et d’alarmisme les ciblant.

Le site Internet de Cambridge Analytica vante l’implication de la compagnie dans plus de 100 élections à travers le monde. Ajoutons à cela leur implication dans le référendum sur le Brexit qui secoue le continent.

La même chose pourrait-elle se produire au Canada? Selon Réal Lavergne, président de Fair Vote Canada, « Les Canadiens ont toutes les raisons d’être inquiets, à cause de la facilité avec laquelle les résultats peuvent être manipulés sous notre système électoral où le gagnant prend tout. Il est temps pour les Canadiens et leurs politiciens de se rendre compte que notre système électoral archaïque est non seulement injuste pour les électeurs, mais carrément dangereux! »

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