Une manifestation citoyenne sur la Colline parlementaire, organisée par Représentation équitable au Canada le 29 mai 2017, et une motion du NPD présentée à la Chambre le 31 mai 2017, visant l’adoption des recommandations du Comité parlementaire spécial sur la réforme électorale ont haussé d’un cran la pression sur le gouvernement d’honorer sa promesse de réformer le système électoral.

Les quatre partis de l’opposition ont tous appuyé la motion. Mais afin de s’assurer que la motion ne passe pas, le gouvernement a soumis ses membres à la discipline de parti. Ainsi, 159 députés libéraux ont voté contre la motion. En tout, 146 députés ont voté en faveur de la motion, dont tous les députés de l’opposition et deux députés libéraux, Nathaniel Erskine-Smith de l’Ontario et Sean Casey de l’Île-du-Prince-Édouard.

Les libéraux semblent aller carrément à l’encontre de la volonté populaire, faisant fi des résultats issus du processus de consultations publiques, de ceux du sondage de MaDémocratie.ca et enfin des résultats plus récents de sondages réalisés par Strategic Directions.

Les sondages de Strategic Directions représentent probablement le plus grand projet de sondage jamais entrepris sur la représentation proportionnelle au Canada. En premier lieu, 15 806 personnes ont été sondées dans 20 circonscriptions libérales à travers le pays. On a ensuite effectué un un deuxième sondage afin de fournir un échantillon plus représentatif de l’opinion des électeurs au pays. Il s’agissait d’un sondage aléatoire national effectué auprès de 4 971 personnes, dont les résultats ont été annoncés le 1 juin 2017.

Ces sondages ont jeté la lumière sur l’impressionnant niveau d’appui populaire pour la réforme électorale de la part de gens de toutes allégeances politiques partout au pays. La question a été posée de quatre façons différentes afin de vérifier si la formulation de la question influencerait les résultats obtenus. Les différents énoncés ont tous donné le même résultat.

Résumé des résultats du sondage national

Question Oui Non Pas sûr
Q1:  Préféreriez-vous un système qui assurerait que le pourcentage des sièges détenus par un parti reflète le pourcentages des votes qu’il a recueilli? 62% 21% 17%
Q2: Préféreriez vous  que le Canada adopte une forme de représentation proportionnel? 59% 25% 16%
Q3: Êtes-vous en faveur d’un système qui ferait en sorte que chaque voix exprimée ait un poids dans la représentation du parti que vous appuyez? 64% 22% 13%
Q4:  Voulez-vous que votre député fédéral plaide à la Chambre des communes pour que le gouvernement libéral tienne sa promesse et remplace notre système actuel par un système de représentation proportionnelle à temps pour les prochaines élections? 66% 23% 11%

On constate que le pourcentage de “Oui” est particulièrement élevé pour la question 3 dans laquelle on demande aux participants s’ils veulent un système où chaque vote compte, alors que la question 4 selon laquelle on demande aux participants si le Parti libéral devrait honorer sa promesse sur la réforme électorale remporte la palme quant au plus haut pourcentage de “Oui”.

Les résultats les plus marquants par région ont été au Québec, où les pourcentages de “Oui” étaient en moyenne 10 points de plus que n’importe où ailleurs au pays. Les Québécois semblent juger bonne l’idée que chaque vote compte, peu importe qu’ils gagnent ou perdent. Un gros 81% des Québécois a répondu Oui à cette question. Seulement 8% étaient incertains. Ce résultat n’est pas étonnant compte tenu du fait que plus de partis se font concurrence au Québec qu’ailleurs et par conséquent plus de votes y sont gaspillés. Avec un tel soutien pour la proportionnelle, il ne serait pas surprenant que le Québec soit la première province à opter pour ce mode de scrutin suite à leur élection provinciale d’octobre 2018.

Un autre résultat étonnant est que 52% des participants s’identifiant comme partisans libéraux souhaitent que le Parti libéral tienne sa promesse de remplacer le système majoritaire uninominal à un tour par un mode de scrutin proportionnel. Seulement un tiers (34%) des partisans libéraux sont d’accord avec la décision du parti de faire marche arrière sur cette promesse électorale.

De tels résultats remettent encore une fois en question le motif évoqué par le premier ministre pour justifier le bris de sa promesse, c’est-à-dire “le manque de consensus” au pays pour réformer le mode de scrutin. S”il est clair que le gouvernement libéral a manqué de volonté politique pour réformer notre système électoral, il est tout aussi clair que les citoyens savent ce qu’ils veulent et et qu’ils comprennent très bien le sens de faire “compter chaque vote.”

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