Le Parti Vert ne présentera pas de candidat à la prochaine élection partielle au Labrador grâce en partie à la candidate à la direction du Parti Libéral Joyce Murray.

Murray a approché le Parti Vert et le NPD pour leur suggérer que les trois partis coopèrent pour éviter un fractionnement des votes qui pourrait mener par inadvertance à la réélection du député conservateur Peter Penashue, qui a démissionné en raison d’un scandale sur des dons de campagne inappropriés.

Dans une interview à l’émission radio The House de Radio Canada, Murray, la cheffe du Parti Vert Elizabeth May, et le leader adjoint du NPD Megan Leslie ont été interrogées sur cette proposition.

May est d’accord avec l’idée d’un pacte ponctuel de coopération électorale dans le but, dit-elle, «de se débarrasser du mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour et de se diriger vers la représentation proportionnelle, ce qui signifie que lors des prochaines élections, vous n’auriez pas à vous soucier que si vous avez voté vert dans une élection partielle, vous pourriez accidentellement faire élire quelqu’un que vous ne voulez vraiment pas.»

Le NPD, cependant, ne veut rien avoir avec cette idée de coopération, et présentera un candidat au Labrador. Leslie a suggéré qu’un accord sur ne pas présenter un candidat ne serait pas démocratique.

Murray a répondu: «Ce qui n’est pas démocratique, c’est notre système actuel, et comme dit Elizabeth, le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour en est un où les gens n’ont pas la possibilité d’être représentés. En fait, moins de 25% des électeurs admissibles, des électeurs canadiens, ont voté pour les conservateurs, et pourtant, ils ont remporté une majorité, ce que je veux dire en fait c’est qu’il y a beaucoup de Canadiens qui estiment que leurs votes ne comptent pas. Ils se désintéressent, ils ne votent pas le jour du scrutin, et je pense que c’est mauvais pour notre démocratie d’avoir ce genre de méfiance envers elle.»

Leslie a rétorqué : «La seule chose sur quoi je suis d’accord avec Elizabeth et Joyce, c’est que nous avons un système électoral qui ne fonctionne pas, ne représentant pas les gens comme il le devrait», mais a fait remarquer que c’est le système que nous avons présentement, et que nous devons fonctionner avec pour le moment.

Leslie a souligné : «Mon adhésion au parti ne m’a pas donné un mandat pour travailler dans le cadre de la coopération.» Toutefois, elle a reconnu que cela pourrait changer à l’avenir suivant un congrès d’orientation du parti. «Il peut évoluer au fil du temps», a-t-elle dit, car «tout vient des membres.»

May a insisté, «Nous ne voulons pas continuer à faire les mêmes erreurs qui nous dénigrent la possibilité de changer notre système électoral, et de se débarrasser du mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour une fois pour toutes.»

«Nous sommes à deux semaines de la conclusion d’une course au leadership», a ajouté Murray. «Nos électeurs, les sympathisants et les libéraux auront un choix très clair. Ils seront en mesure de choisir une nouvelle politique, si l’on veut, ou de rester pris avec la vieille politique.»
Interrogée sur ce qui se passera au plan de la coopération si elle ne gagne pas la direction du Parti libéral, Murray a répondu: «Il y a trop de Canadiens qui commencent à avoir un peu d’espoir que nous puissions changer notre système électoral en un système qui est plus démocratique et plus collaboratif. Cela va demeurer. Suffit de penser au fait que près de huit millions de Canadiens qui sont inscrits sont resté à la maison, ne vont pas voter, beaucoup d’entre eux parce qu’ils ne pensent tout simplement pas que leurs votes comptent.»

«Je suis si reconnaissante pour ce genre d’opportunité», a ajouté May, «et je suis reconnaissante envers Joyce qui est venue à moi au sujet de la coopération. Cela crée une conversation que nous n’avions pas juste la semaine dernière, qui est à propos de ce qui ne va pas avec le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour. La grande majorité des démocraties modernes utilisent une forme ou une autre de représentation proportionnelle, qui mènent à une plus forte participation électorale, des nombres plus élevés de femmes en politique, et une diversité ethnique plus élevée au sein des parlements. Le système majoritaire uninominal à un tour est un système pervers. Il déchire ce pays. C’est ce système dont nous devons nous absolument nous débarrasser!»

«Je demeure toujours ouverte, et en fait reconnaissante de pouvoir parler des problèmes du système majoritaire uninominal à un tour», a conclu Leslie. «Amener ce changement fait partie de la plate-forme du NPD.»

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